Ramone "K" Anderson

Ramone “K” Anderson résiste à l'attraction du jargon et du discours artistique. Son travail remet en question les logiques extractives qui gouvernent si souvent la consommation de l'expression noire par des institutions, des marchés et des publics conditionnés à rechercher la clarté sans contexte.

« Il y a un désir d'illuminer les questions autour de l'équité du capital culturel noir en lien avec la possession de l'histoire de chacun, à la fois individuellement et collectivement dans le travail, » dit-il, « mais l'homme ne va pas te donner à manger plus que cela. »

Anderson travaille avec de la peinture en spray et un pinceau, deux matériaux chargés d'histoire, de tension et de contradiction. La peinture en spray, en particulier, émerge du langage de la rue : rapide, urgente, territoriale, résistante. Elle a revendiqué de l'espace, sonné l'alarme, porté des messages. Trop souvent rejetée comme du vandalisme, Anderson l'introduit dans la galerie selon ses propres termes. Ce n'est pas une touche stylistique mais une partie de l'histoire, un moyen de porter la texture de l'expérience vécue — des murs de propriétés, des ruelles et des magasins fermés — dans des espaces qui ont longtemps cherché à effacer ou à neutraliser cette présence.

Ses compositions se centrent souvent sur des figures en flux, floues, superposées, glissant dans ou hors de leur environnement. Ce ne sont pas des symboles mais des réflexions des conditions vécues : le poids psychique d'être observé, jugé, mal compris ou coupé de son propre sens de l'endroit. Premier plan et arrière-plan s'effondrent. La clarté est retenue. Ce qui reste est une atmosphère, chargée, troublée, non résolue.

La théorie du refus de Fred Moten traverse la pratique d'Anderson — pas le refus comme silence mais comme le choix de rester en dehors de la lisibilité. Tout ne doit pas être décodé. Tout n'est pas pour tout le monde. Le travail retient quelque chose, protégeant ce qui ne peut être entièrement capturé. Cela résonne avec les Notes sur la Blacceleration d'Aria Dean, où la noirceur est positionnée non pas comme extérieure au capital mais comme à la fois son moteur et son potentiel déchirement. Les peintures d'Anderson opèrent dans cette pression, reconnaissant la violence de la visibilité tout en creusant un espace pour agir autrement.