Depuis de nombreuses années, Ingrid Stübinger consacre une grande partie de son travail au thème des vaches.En travaillant sur le motif, elle a été frappée par leurs personnalités, leur anatomie fascinante, leurs rôles dans le troupeau-équipe, mais également par leur impact sur l’humain qui les regarde.C’est comme si elles nous aidaient à comprendre ce que R.M.Rilke disait dans sa 8ème Elégie de Duino :« Avec tous les yeux la nature voit l’ouverture, seuls nos yeux sont comme inversés et font barrage à notre libre issue. «Elles ont le pouvoir de nous enraciner dans l’espace et le temps et nous confèrent ces instants d’ouverture et de présence totale.Le besoin de partager cette expérience a fait naître portraits et troupeaux.Si le portrait, particulièrement à même de montrer l’individualité, le caractère et les états d’âmes, se réalise sur fond neutre, Ingrid Stübinger représente les troupeaux souvent dans les paysages où elle les a observés : en Suisse, en Normandie, en Allemagne, en Italie, en ambiance nocturne ou dans une fête de couleurs sous le soleil.Dans sa peinture, Ingrid Stübinger rend hommage à cet animal sacré dans de nombreuses cultures et lui rend toute sa force, sa dignité et ses mystères.Démarche :L’œuvre d’Ingrid Stübinger est influencée par l’expressionnisme allemand et la peinture gestuelle. C’est une coloriste qui cherche à créer la lumière par les pigments, à montrer la beauté des ombres. Dans son art, les couleurs viennent en larges coulées qui s’étreignent.La peinture d’Ingrid Stübinger est marquée par des prises de risque permanentes, des couleurs denses et lumineuses, ainsi que par des touches décidées, rapides et vigoureuses. Par un processus de transformation, de superposition ou de dissolution, elle donne vie à une foison de fleurs dont l’exubérance frise l’abstraction, ou encore à des vaches saisissantes d’expressivité. Quel que soit le sujet choisi – fleur, paysage, bovidé -, la quête est celle d’un lieu très personnel, qu’Ingrid Stübinger cherche à approcher dans une immersion totale : « Cette impulsion vient de l’intérieur, comme si je portais les motifs en moi et que je les faisais sortir à travers mon corps et mes pinceaux. Le travail est alors plus libre et plus physique. »Sa peinture, parcourue de tensions graphiques et chromatiques, semble ouvrir une brèche et bousculer l’espace, les habitudes visuelles et les fatigues de la modernité.
