Bonjour Papa Mesk, nous sommes ravis de pouvoir faire plus ample connaissance avec vous ! Comment est née votre passion pour l'Art urbain ?

Mes premiers pas dans le graffiti ont débuté dès 1985 avec l’apparition des premiers tags et graffiti sur les murs de Paris. Mon frère “PICT” prenait beaucoup de photos des pochoirs et graffiti à l’époque. Nous avons aussitôt partagé cette passion et avons commencé nous-mêmes à en créer en 1986.
Membre fondateur de l'UTP Crew, pouvez-vous revenir sur l'histoire de ce collectif et dans quelle mesure il a contribué au développement de votre style ?

Les « Underground Tribal Painterz » sont nés d’une association de graffeurs, tels que PICT, Vatos, Ranx, Hem, Number6, Move, Reas, … Chacun d’eux avait un style unique et cela a naturellement influencé le mien par la suite. Notre association a vu le jour en 1989 afin de répondre à nos premières commandes de fresques.
Comment se déroule une séance de création sur toile ? Par quoi commencez-vous ?
J’aime commencer mes toiles à l’instinct, sans plan prédéfini, sans croquer. J’aime cette totale liberté d’expression. Le tracé unique est très cher à mes yeux. Les erreurs font bien souvent partie de la composition finale, voire seront mises en valeur. C’est ma liberté du geste.


Je débute à la bombe ou au marqueur avec des encres de différentes couleurs. Au cours d’une deuxième séance, j’ajoute tout un tas de détails avec des Posca fins.
À quel moment estimez-vous qu'une œuvre est terminée ?
Une œuvre n’est finalement jamais terminée. Il m’arrive de reprendre des toiles que j'ai faites il y a 20 ans pour les faire évoluer. Mon regard a changé. Lorsque j’ai déménagé mon atelier, j’ai redécouvert d'anciennes toiles que je stockais. Les apposer avec mes nouvelles toiles m’a donné envie de les retravailler, les remettre au goût du jour.
Comment avez-vous vécu le passage des murs à la toile ?
J'ai mis du temps à m'adapter à ces nouveaux formats, environ un à deux ans avant de pouvoir prétendre à une vraie maîtrise de ces nouveaux supports. C’était presque plus dur de créer en petit et plus détaillé qu’à l’échelle humaine avec de larges aplats de couleurs sur des murs de deux mètres de hauteur. Car le graffiti a été initialement pensé pour être vu en grand, avec des traits larges, épais. La transition vers la toile n’a pas été simple !
On trouve aussi de petits objets entièrement recouverts de graffitis dans votre galerie : trains, bus, bombes de peinture et même un éventail japonais. Comment les choisissez-vous ?
J’ai toujours aimé travailler sur les petits véhicules urbains de type camion, train, bus, etc. Ces objets miniatures sont à mes yeux le support idéal pour faire du graffiti car leur symbolique de la rue est forte. Utiliser des figurines représentant le mobilier urbain est quelque chose que j’adore. C’est une belle façon de faire rentrer l’Art de la rue chez soi.


Ces petits objets qui viennent de la rue comme les panneaux de circulation, de signalisation, … permettent de faire écho à l’univers authentique de la rue et de l’exporter en galerie ou dans son salon.
Quel message souhaitez-vous véhiculer à travers votre Œuvre ?
Mon premier message est la positivité. Créer, faire du graffiti pour moi, c'est comme offrir des fleurs aux gens. Cela permet de découvrir d'autres horizons. Nous donnons un peu à respirer aux spectateurs avec l'envie de partager de la joie !

Plateau Urbain / La Grange (15 x 6 mètres)
©Papa Mesk
Les premiers graffiti sont apparus pour combattre la grisaille des murs et le béton. Nous souhaitions amener de la couleur dans les rues, les villes, les cités. Nous voulions montrer qu'on était là.
Parfois, il peut y avoir des messages plus politiques : je fais actuellement une série où je détourne des logos connus pour créer des mots avec, qui sont en contradiction avec ce qu'ils veulent refléter.
Souvent, depuis plus de 20 ans, je pratique des ateliers avec les enfants dans les cités. J'essaie de faire ce travail de transmission. J'interviens dans des écoles, je mène des ateliers, j'explique les techniques du graffiti, son histoire, le Street Art. Certains sont devenus graffeurs, graphistes.