Valentin Renner : fils et fragments de vie
Valentin Renner : fils et fragments de vie
Partager

Artistes

Valentin Renner : fils et fragments de vie

De son rêve d’enfant de faire le tour du monde en voilier à ses sculptures minutieuses réalisées avec du fil, Valentin Renner a toujours suivi son instinct : explorer. Ce qui n’était au départ qu’un projet personnel – marquer sur des cartes les lieux qu’il avait visités – est devenu une pratique raffinée, presque méditative, qui interroge les notions d’ordre, de chaos et les interstices entre les deux.

Par Rise Art | 02 juil. 2025

Originaire d’Ulm en Allemagne, Valentin Renner a vécu à Erfurt avant de poser ses valises à Hambourg. « C’est Hambourg qui m’a véritablement ouvert les portes de l’art. La ville m’a offert un terrain fertile, autant sur le plan personnel que créatif. C’est là que j’ai pu construire un vrai réseau et commencer à exposer de manière plus libre. »

Valentin Renner : clous, fils et fragments de vie
Violi de Valentin Renner (clou, corde, bois sur toile, 2025, 100 x 80 x 5 cm)

Sa première œuvre voit le jour en 2018. Trois ans plus tard, il organise sa première exposition. « C’était comme une étincelle sur un feu déjà allumé. Elle l’a juste rendu plus vif », se souvient-il. « Ce qui a vraiment alimenté cette flamme, c’est la réaction des visiteurs. Le fait de réaliser que des collectionneurs voulaient acheter mes pièces, que je pouvais envisager une carrière dans cet univers. »

Quand la précision rejoint l’instinct

Les sculptures murales de Renner sont immédiatement reconnaissables : une composition millimétrée de clous et de fils colorés, qui crée des illusions d’optique proches du moiré et une profondeur topographique. « Les clous ancrent l’œuvre à sa base. Le fil, lui, lui donne sa dimension. Ce qui en ressort, c’est une sculpture murale qui évoque une carte en relief. L’œil est invité à percevoir du volume dans un espace plat. »

Derrière la rigueur du geste, se dessine une œuvre intime. « J’ai déménagé 18 fois. J’ai connu l’abondance comme les galères, des liens forts comme des ruptures brutales. Mon travail reflète tout ça. »

Valentin Renner : clous, fils et fragments de vie
Trium de Valentin Renner (clou, corde, bois sur toile, 2024, 120 x 100 x 5 cm)

Des séries comme des chapitres

Valentin Renner travaille par séries. Chacune explore un thème ou une émotion. Order and Chaos interroge l’équilibre entre structure et imprévu. Spectra réfléchit à la nature du réel, diffractée à travers la lumière. Nota revient aux sources, un clin d’œil à ses premiers essais. Strata, plus ludique, explore les débuts possibles. « Strata me rappelle qu’on peut aborder de nouveaux chemins avec curiosité et légèreté. J’ai tendance à tout prendre très au sérieux, et cette série m’aide à relâcher un peu cette tension. »

Valentin Renner : clous, fils et fragments de vie
Petrichor de Valentin Renner (clou, corde, bois sur toile, 2025, 140 x 180 x 5 cm)

Dans l’atelier

Une journée type commence par un nettoyage de l'atelier. Certaines pièces en cours patientent plusieurs jours, appuyées contre un mur. Les heures de travail sont cadrées, partagées entre des gestes répétitifs – clouer, tendre, nouer – et des tâches plus administratives.
« Le string art, c’est un peu comme un trou noir dans lequel je me perds. Je ne vois plus le temps passer. Ce n’est pas mon métier. C’est ma passion, mon échappatoire. »

Valentin Renner : clous, fils et fragments de vie
Virdi de Valentin Renner (clou, corde, bois sur toile, 2025, 120 x 120 x 5 cm)

Malgré cette dimension apaisante, Valentin Renner reste intransigeant. « J’ai du mal à tolérer les imperfections. J’en accepte quelques-unes, mais dans l’ensemble, tout doit être au plus près de la précision. » 

Le moiré, qui donne du mouvement à ses œuvres, est aussi une contrainte technique : « C’est difficile à rendre en photo. Or aujourd’hui, beaucoup de gens découvrent l’art en ligne. Et à l’écran, on ne comprend pas toujours qu’il s’agit de fil. »

Relier les gens comme le fil au clou

Pour lui, voir les œuvres en vrai change tout. « C’est là qu’on comprend le détail, le travail des nœuds, la finesse de l’ensemble. » Il aime d’ailleurs écouter les visiteurs partager leurs interprétations, souvent à voix basse.

« Une fois, quelqu’un s’est arrêté devant une pièce intitulée Out of the Dark, qui parlait d’humilité. Il a immédiatement saisi ce que j’avais voulu dire. Ce genre de moments me bouleverse. Quand quelqu’un devine ce que j’ai pensé en créant, je suis touché au plus profond. »

Son souhait ? Que son art crée du lien. « J’aime cette idée : une œuvre qui nous relie à notre propre histoire, mais aussi les uns aux autres. Comme le fil s’attache au clou. »

Valentin Renner : clous, fils et fragments de vie
A droite : Florum de Valentin Renner (clou, corde, bois sur toile, 2024, 120 x 100 x 5 cm)

Et la suite ?

Avec tant d’idées encore à explorer, Valentin Renner ne se voit pas changer de direction tout de suite. « Je suis certain que je travaillerai un jour avec d’autres matériaux. Mais pour l’instant, le fil m’ouvre encore plein de territoires inconnus. Il y a des portes qui s’ouvrent, et j’ai envie de voir où elles mènent. »

Abonnez-vous à notre newsletter

Accédez en avant-première à nos Nouveautés, nos promotions et nos interviews d'artistes !

En nous fournissant votre adresse e-mail, vous acceptez de recevoir des mises à jour par e-mail, y compris des offres spéciales, des conseils, nos nouvelles collections et des actualités artistiques. Vous pourrez vous désabonner à tout moment.
Paramètres régionaux
Français
EU (EUR)
France
Métrique (cm, kg)