1. La Nuit étoilée, Van Gogh (1889)
1889, Van Gogh peint ce qui deviendra son plus grand chef-d'œuvre. “La Nuit Étoilée”, c'est ce paysage tortueux en proie au désarroi du peintre. Certains diront qu'il témoigne de la période difficile traversée par Van Gogh dont les pensées suicidaires n'ont eu de cesse de se renforcer avec les années. Cette nuit parsemée d'étoiles scintille sous le poids de la lune et ondule au rythme des spirales infernales. Une chose est sûre : le peintre hollandais vouait une passion sans limite pour les ciels nocturnes.
2. Nighthawks, Edward Hopper (1942)
Immersion dans cette scène emblématique signée Edward Hopper. Il est déjà tard sur la Greenwich Avenue, les rues sont désertes mais la vie semble encore résonner dans ce diner à l'angle, le Phillies. Quelques âmes perdues seules ou accompagnées s'adonnent à quelques pensées nocturnes dans ce qui s'apparente à un clair-obscur annonciateur d'un drame...
Le peintre américain livre son tableau le plus célèbre, devenu icône de la culture outre-atlantique et tant de fois parodié ! Si l'on observe la toile d'un peu plus près, on s'aperçoit de quelques éléments troublants et d'une tension pas vraiment résolue.
3. Fire, Full Moon, Paul Klee (1933)
Bien que plus proche de l'abstraction que de la figuration, cette œuvre de Paul Klee fait évidemment écho aux splendeurs de la Nuit. On reconnait sans difficulté la pleine lune, lumineuse et en rupture avec les formes géométriques qui composent la toile.
Un clair-obscur déstructuré qui témoigne de cette passion que l'artiste avait pour les couleurs et leur juxtaposition. Il semblerait presque que cette peinture soit en mouvement, et même si on est bien loin des spirales de Van Gogh, on admet que cette vision nocturne a quelque chose d'énigmatique et fascinant...
4. Nuit d'été, Winslow Homer (1890)
La nuit n'est pas que le lieu des tourments intérieurs et Winslow Homer le démontre avec son plus grand chef-d'œuvre, "Nuit d'été". Deux femmes dansent au bord de l'océan animé par les vagues d'une marrée nocturne. L'ambiance y est champêtre, légère et le clair-obscur leur donne l'impression d'être seules au monde.
Une saison vécue sous le prisme de la poésie, de la musique, que le peintre américain a imaginé suite à son séjour parisien. On y reconnaît la touche impressionniste qui a conquis Homer, habitué à peindre des scènes militaires et rurales.
5. D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, Paul Gauguin (1897)
Certainement l'un des aboutissements de Paul Gauguin, cette œuvre a été réalisée lors de son deuxième séjour à Tahiti. La toile se décompose en trois parties, comme son titre l'indique, et nous mène vers un cheminement spirituel.
"Alors j'ai voulu avant de mourir peindre une grande toile que j'avais en tête, et durant tout le mois j'ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe." écrit Gauguin à l'un de ses amis. Plusieurs scènes simultanées se jouent, métaphore toute tracée de la destinée humaine jusqu'à l'au-delà.
Il faut l'observer de droite à gauche pour en comprendre le sens premier. Trois femmes avec un enfant symbolisent la naissance à droite, des femmes et hommes d'âge moyen inspirent le présent au centre et une femme très âgée baignée dans l'obscurité magnifie la mort tout à gauche.
6. Le Rêve, Henri Rousseau (1910)
Ambiance tropicale chez le Douanier Rousseau qui nous délivre une capture exceptionnelle d'une faune et d'une flore flamboyantes. Récit d'une nuit d'été dans une jungle sauvage et galvanisante propice à la rêverie. Surplombée d'une pleine lune, la scène questionne autant qu'elle fascine. Yadwigha, cette femme nue allongée et entourée d'animaux, paraît étrangement sereine à l'égard de ces rôdeurs d'un soir. Et si ce n'était qu'un rêve ?
7. Intérieur, Edgar Degas (1868-1869)
Preuve que la nuit est aussi le lieu des errances, la toile d'Edgas Degas a pour titre "Intérieur" mais on lui accorde aussi le surnom "Le Viol". De son vivant, l'artiste aurait absolument réfuté cette appellation, or certains attestent qu'il s'agissait bien du titre original souhaité par l'artiste. L'œuvre est éminemment ambiguë et a de quoi déranger.
Si ce n'est qu'une scène d'intérieur, pourquoi ce sentiment d'oppression et de violence ? L'homme adossé contre la porte regarde cette jeune femme recluse de l'autre côté de la pièce. C'est en observant d'un peu plus près les composantes de cette toile que l'on admet une possible brutalité.
8. Night Creatures, Lee Krasner (1965)
Parce que la nuit est sombre et pleine de terreurs, certains peintres font (re)surgir toutes les craintes intérieures. "Night Creatures" signée Lee Krasner (dernière compagne de Jackson Pollock) est aussi sombre qu'envoûtante. Les formes abstraites semblent se confondre en un tourbillon menaçant. On pourrait même y déceler des paires d'yeux inquisiteurs ou des têtes angoissantes...
9. Sternbild (Constellation), Gerhard Richter (1969)
D'autres peintres voient en la nuit une immensité riche et passionnante. Gerhard Richter dépeint un ciel étoilé sans limite, si puissant et déroutant. La nuit est un cycle, propice à la réflexion et à l'inspiration. Quelle que soit la manière dont elle est vécue, elle demeure inépuisable. Une manière de combler cette soif d'infini ?
10. New Moon, New York, George Ault (1945)
Artiste peintre américain, George Ault a largement été influencé par le cubisme et le surréalisme. Dans cette toile, il revisite la ville de New York plongée dans la nuit, ses buildings s'étirant selon une perspective minimaliste. Pourtant une mégalopole grouillante de monde, la ville paraît morte, à peine illuminée par deux lampadaires. Que s'est-il passé ?